Portage salarial vs auto-entrepreneur : quel statut choisir ?

Quand on se lance comme indépendant, le choix du statut pèse autant qu’une première mission : il détermine charges sociales, protection sociale, démarches administratives et flexibilité. Deux options s’imposent souvent : l’auto-entrepreneuriat ou le portage salarial. Retour sur les points clés de chacun et leurs avantages comparés.

Le cadre légal et la protection

En auto-entrepreneur, vous créez votre micro-entreprise en quelques clics sur le site officiel de l’URSSAF. Vos charges sociales sont calculées au réel, sans protection chômage ni retraite complémentaire : autant dire que tomber malade ou perdre un client peut vite fragiliser vos revenus. En portage salarial, vous signez un CDI ou CDD avec une société de portage. Vous bénéficiez alors du régime général de la sécurité sociale, d’une mutuelle, de l’assurance chômage et de cotisations retraite complètes. Un filet de sécurité non négligeable.

La facturation et la trésorerie

L’auto-entrepreneur encaisse directement ses honoraires. Ses obligations de facturation sont allégées : pas de TVA sous un certain seuil, ni de bilan annuel. Mais attention aux plafonds de chiffre d’affaires : 72 600 € pour les services, 176 200 € pour le commerce en 2025. Dépassement, et vous basculez dans un régime plus lourd. En portage, c’est la société de portage qui facture votre client, gère les relances et les impayés, prélève ses frais de gestion (entre 5 % et 10 % du CA) et vous reverse un salaire net après charges. Vous conservez votre liberté de négocier vos tarifs, tout en évitant les contraintes de trésorerie et d’administration.

Le pilotage de son activité

L’auto-entrepreneur pilote entièrement son offre : définition du taux journalier, choix des clients, prospection, conformité réglementaire et assurances professionnelles. L’autonomie est totale, la responsabilisation maximale : c’est idéal pour démarrer vite et tester son marché, mais cela demande du temps pour la gestion administrative. En portage, vous vous concentrez à 100 % sur votre mission — prospection, exécution et relation client — tandis que la société de portage prend en charge toute la paperasse (conventions, bulletins de salaire, déclarations sociales).

Le coût global vs l’accompagnement

Financièrement, l’auto-entrepreneur paie ses cotisations (environ 22 % du CA pour les prestations intellectuelles), sans frais de gestion externe. Le portage implique ces frais de ­portage (5–10 %), plus les cotisations salariales et patronales qui réduisent votre marge. Mais vous gagnez en accompagnement : mise à disposition d’un réseau de freelances, accès à des formations (souvent gratuites), conseils juridiques et comptables, accès à des groupements d’achat (assurances, matériel) souvent négociés à tarifs préférentiels.

L’échelle de votre développement

Quand l’activité reste ponctuelle ou limitée à un seul client, le statut d’auto-entrepreneur est souvent suffisant et plus rentable. En revanche, dès que vous voulez augmenter votre volume d’affaires, diversifier vos clients et surtout bénéficier d’une couverture sociale complète, le portage salarial se révèle plus adapté. Il permet d’envisager des montants de facturation plus élevés sans craindre un plafond de CA, tout en gardant la flexibilité du freelance.

Astuces pratiques

  1. Si vous débutez en testant une niche, commencez en auto-entrepreneur : la procédure est instantanée et le régime ultra-léger.

  2. Dès que vous atteignez 30 000 € de CA annuel ou que vous visez plusieurs missions simultanées, étudiez le portage : la protection et l’accompagnement compensent largement les frais. Bénéficier de ce statut est simple.

  3. Comparez plusieurs sociétés de portage : leurs frais varient, tout comme les services associés (formations, réseau, outils).

  4. Vérifiez la convention collective de portage : elle fixe les garanties minimales (indemnités chômage, prévoyance) et les frais de gestion maximums autorisés.

  5. Gardez en tête votre projet d’évolution : monter une structure (EURL, SASU) reste envisageable après une période de portage, pour basculer vers un statut plus pérenne.